EVENE - Citation du Jour

lundi 11 février 2008

Aimer les riches et punir les pauvres !…

Sarkozyste de la première heure, Philippe Manière, écrit de sa plume encore poudrée : « La France n’aime pas les riches. Ce n’est pas son moindre défaut. Car les riches ont mille qualités que n’importe qui aperçoit en un clin d’œil […] Les riches d’abord nous font vivre. Gagnant plus que les autres, ils consomment plus que les autres. […] Chérissons donc les riches et défendons leurs intérêts contre l’État […] Aimons les, aussi, par amour de la liberté […] la fortune donne en effet à celui qui la possède une indépendance à laquelle aucun salarié qui travaille pour vivre ne pourra jamais prétendre. » Philippe Manière conclut sa diatribe par ces paroles fortes et définitives : « Les Français, peuple de refoulés, sont en fait les derniers au monde à révérer le Veau d’or, puisque les seuls à ne pas oser lever les yeux sur lui. Il faudra bien, un jour, qu’ils se décident à le regarder en face… »

De Thatcher à Bush et de Berlusconi à Blair, Sarkozy et Gordon, le maître mot est de punir les pauvres en développant l’État policier et carcéral, mais aussi en cassant les systèmes de protection sociale au nom de la concurrence qu’impose leur immondialisation. C’est pourquoi, nous aurions tort de dissocier l’explosion des inégalités et le tour résolument punitif des politiques pénales et sociales : enfermement de millions de pauvres dans les cités (France) ou les prisons (États-Unis), usage de détecteurs de mensonges contre les chômeurs (Angleterre), prime à la délation à Villiers-le-Bel, généralisation de la télé-surveillance, banalisation du flicage, marquage à même la peau des immigrés clandestins, etc.
Le grand rêve de ces fossoyeurs est d’instaurer partout un même gouvernement de l’insécurité sociale afin de façonner les comportements des centaines de millions d’humains pris dans les turbulences de la dérégulation économique et de casser toute velléité de résistance sociale. Cette droite, qui se dit décomplexée pour ne pas s’avouer extrême, a besoin de renouer avec une vision des pauvres très proche de celle du XIXe siècle avec ses « bons » pauvres méritants, rescapés de ces classes populaires dangereuses, face à des hordes de « mauvais » pauvres.

Paul Ariés – Extrait Edito. N°4 – Le Sarkophage -

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