EVENE - Citation du Jour

vendredi 11 juillet 2008

Compassion émolliante...

D’abord, une immense joie. Puis une certaine gêne. Telle est la fragrance diffuse que laisse dans son sillage le spectaculaire freedom world show consécutif à la libération d'Ingrid Betancourt.

Qu'explose le feu
d'artifice de la féli
­cité est légitime, après tant d'années d'angoisse ; qu'il nous aveugle et nour­risse un rideau de fumée pour cacher la vérité n'est pas acceptable. Six ans durant, la gestion par l'Etat français de l'affaire Betan­court a été contestable. La libération du 2 juillet ne tient pas du miracle, elle est le fruit d'un patient travail de l'ar­mée colombienne et d'une inflexible volonté du prési­dent Uribe : ne pas négocier avec les Farc, ne pas leur lais­ser un instant de répit, les détruire. Or, à Paris, cette constance lui a valu alarmes et sarcasmes : il mettait en danger la vie des otages, n'avait pas les moyens de sa politique, n'était qu'un stratège d'opérette. Mais voici qu'un homme d'État surgit de l'uniforme du général Tapioca, et la France des diplomates applaudit : ne devraitelle pas, avant de s'adonner à des réjouissances qui sont déjà une récupération, présenter ses excuses ?


Extrait de l’éditorial de Christophe Barbier – l’Express N° 2975

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