EVENE - Citation du Jour

mercredi 30 avril 2008

Le blé flambe, les étiquettes valsent !...

Les Chinois ont craqué sur les frites et le cours mondial de la pomme de terre a flambé. Mais les experts de la planète ont mis quelques temps avant de découvrir le pot aux roses. Ils se sont d'abord trituré les méninges, ont cherché du côté des mauvaises récoltes et des vagues de sécheresse : ils ont pesé les exportations, soupesé les importations. Comment auraient-ils pu imaginer cela ? Partout en Chine, dans les rues de Pékin, de Shanghai, les McDonald's et les Kentucky Fried Chicken étaient en train de pousser plus vite que les grains de riz, dans les rizières. Les frites arrivaient, surgelées, par dizaines de milliers de tonnes, sur des cargos européens. Et, à chaque fois, elles faisaient un malheur. Bilan du nouvel engouement alimentaire chinois : au printemps dernier, sur le marché de Hanovre, en Allemagne, la pomme de terre a battu son record historique : 316 euros la tonne. Dix fois plus en quatre ans.

Le blé, le soja, le maïs, le lait en poudre, le beurre... Les matières premières agricoles s'embrasent. Et la planète a la gueule de bois. Cela fait des décennies qu'en Occident on s'était habitué aux greniers gorgés de céréales, aux surplus de lait et aux cageots de fruits qui pourrissaient sur le bord des routes. Les ménages dépensent de moins en moins d'argent pour se nourrir. L'alimentation ne représente plus que 14% du budget d'une famille française, contre un peu moins d'un quart, en 1960. Mais l'abondance pourrait bien être derrière nous. «La célèbre phrase de Paul Valéry, «Le temps du monde fini commence') n'a jamais été aussi actuelle, analyse Philippe Chalmin, professeur d'histoire économique à l'université de Paris- Dauphine et auteur du livre «le Poivre et l'or noir» (Bourin Editeur). Notre terre est en train d'atteindre ses limites alimentaires. Il va falloir apprendre à gérer la rareté.»

Bref, les excédents agricoles qui ont si longtemps nourri les journaux télévises ne sont pas prêts de refaire les gros titres. Les stocks mondiaux de céréales sont au plus bas depuis trente ans. Les réserves, qui représentaient de cinq a six mois de consommation, il y a dix ans, sont tombées à moins de deux aujourd'hui. Et les cours continuent de s'envoler. En France, les prix des denrées agricoles ont fait un bond de 5,2% l'an passé. Avec des pointes à 34%, pour (encore elle !) la pomme de terre... Le monde paysan se frotte les mains ! Pour la première fois, depuis belle lurette, les revenus repartent vers le ciel.

Mais, à l'autre bout de l'échelle, le consommateur, lui, fait grise mine...

Extrait du Nouvel Observateur

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