Pour notre Aimé Césaire...

"Occitans, nous devons un hommage chaleureux à Aimé Césaire. Sa " négritude " n’a rien d’une conception raciste. Il le dit : " Le nègre c’est aussi le juif, l’étranger, l’amérindien, le gitan, l’indien, l’analphabète, l’intouchable, le différent, le voisin… ". Aimé Césaire a toute sa vie été solidaire de tous ceux dont l’identité est méconnue, niée ou méprisée. Y compris occitans, bretons et catalans. Aimé Césaire nous a donné l’exemple rigoureux du refus de l’aliénation et de l’assimilation culturelle. Le commissaire de l’exposition de l’UNESCO sur Aimé Césaire l’exprime clairement : la négritude naquit comme le souffle précurseur des grandes luttes libératrices et identitaires de notre modernité, fondateur d’une revendication ardente en réponse aux erreurs de l’Histoire. La revendication identitaire d’Aimé Césaire rejoint la revendication occitane en ce qu’elle est humaniste et universaliste : " En nous l’homme de tous les temps… L’homme n’est pas seulement homme. Il est univers. " Et encore : "Ressentiment ? Non. Haïr, c'est encore dépendre.". À l’oppression, Aimé Césaire oppose le partage fraternel. Ainsi, il rejoint le "partage", une des notions fondamentales de la civilisation occitane héritées du temps des troubadours. Par l’hommage général qu’elle rend à Aimé Césaire, la France de 2008 renie le nationalisme liberticide de la 3ème République. L’évolution vers le respect des cultures et des libertés est en cours. Dans la France de demain, nos cultures et nos langues seront enfin pleinement respectées. La France ratifiera la Charte Européenne des langues dites " régionales " ou minoritaires. La France devra à Aimé Césaire d’entrer enfin au rang des pays démocratiques modernes."

(Sèrgi Granièr - hommage occitan à Aimé Césaire paru dans "l'Indépendant")